mercredi 3 février 2016

Caretera austral

Bonjour de Chiloe !

Je vous avais laissé il y a une semaine à Villa O'Higgins, tout au sud de la caretera austral du Chili, me voilà maintenant sur l'île de Chiloe. Entre les deux, 1000km de route de graviers (pourrie la plupart du temps),  et deux bateaux. Pas mal de galères sur cette portion, mais j'aurais fini par en arriver au bout !

  • Villa O'Higgins - Caleta Tortel

Nous avons quitté Villa O'Higgins à 8h du matin, en stop planifié la veille avec une étasunienne du refuge-camping où nous étions installés. Pas de soucis ni d'attente donc, grand confort ! Les kilomètres s'enchaînent, et vient le premier bateau du voyage. Le relief et la végétation font qu'il est impossible de réaliser une route d'une seule traite dans cette région du Chili, le passage par des bateaux est obligatoire. Nous empruntons donc la barge de 11h pour 45min de navigation donc.

Quelques dizaines de kilomètres plus tard, nous prenons congé de notre chauffeur à la bifurcation pour la Caleta Tortel, un village de bord de mer construit en grande partie sur des passerelles. Nous le visiterons sous la pluie...
L'endroit est vraiment étrange, perdu au fond d'un fjord et vit au ralenti depuis que s'est arrêtée l'exploitation de cyprès, la ressource principale du lieu. Nous suivrons un mini trek pour rejoindre le sommet de la colline qui surplombe le village, la vue d'en haut est sympa ! (nous avons réussi à perdre le chemin en cours de route et avons dû couper tout droit dans les marais, ce n'est pas forcément une excellente idée !)
Après une heure de stop infructueux, nous décidons de dormir au camping gratuit du village et de retenter notre chance le lendemain.

  • Caleta Tortel - Cochrane

Le lendemain donc, stop jusqu’à Cochrane, la plus grande ville du Sud de la caretera australe (3000 habitants) pour retirer de l'argent et faire quelques courses. En effet, pas de distributeurs automatiques dans les villages de la caretera ! Je ne sais pas comment font les voyageurs qui débarquent directement de l'Argentine depuis la Caleta Mansilla comme nous sans être passés par le Chili avant pour retirer des pesos chiliens. Il y a intérêt à bien prévoir son coup et à changer du liquide avant ! 2h30 passés à l'arrière d'un pick-up dans la poussière, je vous laisse imaginer notre état à l'arrivée. 

Nous arrivons à Cochrane vers midi, mangeons sur place, et repartons en stop... Sans succès ! Cette route est peu fréquentée, et il y a beaucoup de gros 4x4 de luxe qui ne daignent même pas jeter un oeil aux autostopeurs. 
Un gardien de parc naturel sympa nous avancera un peu, et nous planterons la tente sur le bord de la route entre Cochrane et Puerto Río Tranquilo.

  • Puerto Río Tranquilo

Le lendemain, de nouveau, personne. Nous marcherons toute la journée sous le soleil, mais au bord du superbe lac General Carrera (qui s'appelle lac Buenos Aires du côté argentin). Heureusement, vers 18h un ouvrier de l'entreprise assurant l'entretien de la route nous prend en stop jusqu’à Rio Tranquilo !

Afin de ne pas partir tard le lendemain, nous filons directement à l'attraction du village, les grottes de marbre (capillas de mármol) !

Spécificité géologique du secteur, cette portion du lac est bordée de marbre qui plonge directement dans l'eau bleu azur. L'érosion y a créé des grottes aux formes étonnantes, que nous visiterons en bateau.
Le lac est très profond (560m), et le marbre forme une falaise sous-marine d'une cinquantaine de mètres. Redbull y a organisé une compétition d'escalade en "deep water soloing", les grimpeurs n'étant pas assurés et tombant dans l'eau en cas de chute. Avec un maximum de 7 à 8°c l'été, je n'aurais pas aimé être à leur place !


  • Cerro Castillo

Après une nuit de camping de plus, nous décidons de prendre un bus. Il y a toujours peu de trafic sur cette route, et les grottes de marbre attirent de nombreux touristes qui font beaucoup de concurrence pour tenter d'atteindre le prochain village (500 habitants à 200km encore une fois) en stop. Solution plus sûre donc: le bus.
Comme rien n'est facile ici, il faudra quand-même laisser passer deux bus avant de trouver une place. Nous retrouverons d'ailleurs Chloé, la française de Torres del Paine dans ce bus, comme quoi nous avons tous plus ou moins le même parcours !
Arrivée à Villa Cerro Castillo donc, c'est la fin du voyage pour notre grupo internacional de trekking. En effet, Matteo me quitte pour poursuivre en bus jusqu'à Valparaiso, d'où il partira pour le Pérou et la Bolivie. Je n'ai pas suffisamment de temps pour visiter correctement ces deux pays bien lointains du Sud du Chili (6-7 jours de bus au minimum), je continuerais donc la caretera austral seul.

Tchao amigo, gracias por este mes de aventura ! Cela fait en effet un mois jour pour jour que nous sommes partis, le 26 décembre.
De Villa Cerro Castillo part un trek de 4 jours (théoriques) pour rejoindre la caretera un peu plus au nord, en direction de Coyhaique, la ville de la région (30000 habitants environ). Je fais donc quelques courses avant de partir (après passage à la caisse du parce naturel comme d'habitude) sur le sentier qui monte bien raide jusqu'au pied du Cerro Castillo, une grande montagne aux pics acérés ressemblants à un grand château noir donc. Pas de chance, il y a des nuages et il pleut, je ne verrais donc que le glacier et le lac à la base du cerro...

Il y a un campement quasiment au pied du glacier, près du lac, mais vu le temps je pousserais un peu plus loin pour descendre au camp El bosque, bien plus protégé du vent et de la pluie qui arrivera inexorablement dans la nuit.

Deuxième jour de marche : montée d'un petit col et descente directe jusqu'à la caretera ! J'aurais donc mis une journée et demie (parti à 16h30 j'arriverai à 16h le lendemain)  au lieu des 3 jours annoncés. Fin de journée en stop jusqu’à Coyhaique et repos en camping donc. Pas grand-chose à voir dans cette ville, mais il y a un hypermarché, paradis du randonneur revenant à la civilisation !


  • Coyhaique - Puerto Cisnes - Chaitén

Après cette nuit en ville, direction la boutique de la naviera austral pour acheter un billet de bateau pour rejoindre l'île de Chiloe. Pas de chance, ils sont tous complets pour les deux semaines à venir ! Qu'à cela ne tienne, me voilà parti en stop jusqu’à Puerto Cisnes, un port à 300km au nord d'où part un ferry le jour suivant. J'espère y trouver une place de dernière minute.
Je m'installe là bas dans un camping chez l'habitant, et le gérant m'indique que le lendemain a lieu la fête annuelle du Pesca o Frito, évènement qui rassemble chaque année 8000 personnes. Étonnant pour un village de 2500 habitants. En tout cas voilà de quoi occuper ma journée d'attente. Je visiterai donc tranquillement le village avant de me rendre à la plage où a lieu la fête. Rien d'extraordinaire au premier abord, une plage, des stands de nouriture, un concert de cumbia brésilienne et de la bière, une kermesse classique en fin de compte. Sauf que l'animation d'ici c'est le tir à la corde, et bien particulier.
Prenez 200 personnes, deux grosses cordes et une maison, rassemblez le tout, et vous obtenez une maison mobile. Oui oui, c'est comme ça qu'ils tirent à la corde ici ! J'assisterai donc au déplacement de la maison jusqu'à l'eau, l'étape suivante étant de tracter la maison à travers la baie avec des bateaux le lendemain. Étonnant !


Le soir venu, les camions et les voitures s'accumulent devant la cale du ferry, je vais aussi me poster là bas pour négocier avec l'aide du gérant un ticket de dernière minute, mais rien à faire, tout est complet, et la procédure informatique blablabla les empêche de rajouter des passagers au dernier moment. Échec donc, je me retrouve une nuit de plus au camping.

Dernier plan pour traverser, me voilà de nouveau en train de faire du stop pour me rendre à Chaitén, 200km au nord. Beaucoup d'autostopeurs et peu de voitures, nous perdons un peu espoir avec deux chiliens, un autre français et une suisse après 5h d'attente. La caretera austral en stop quand personne ne s'arrête ça donne ça :

Heureusement, après ces longues heures d'attente, un fourgon s'arrête et nous propose de monter. Il s'agit de 5 collègues de travail qui s'offrent des vacances à Santiago. Nous nous retrouvons donc à l'arrière du camion en leur compagnie, entre les matelas, les valises, le barbecue etc. 5 minutes plus tard, ils prennent 5 autostopeurs de plus, nous voilà donc à 15 ! Le fourgon aura bien de la peine à monter les côtes, mais chacun arrivera à bon port, avec en prime pour moi qui les quitterais en dernier un casse-croûte offert par les amis chiliens. Groupe intergenerationel (20 à 75 ans) bien sympathique pour cette soirée de stop, qui se terminera à Chaitén à 1h du matin pour ma part.

Campement aux bord de la plage près de la station service, et réveil à 7h pour partir à la chasse au bateau ! Coup de chance, il reste des places dans le ferry de 9h, victoire ! Je parviens enfin à quitter la région de Aysén, direction l'île de Chiloe !


  • Chiloe
Après une traversée de 4h, j'arrive à Quellón, au sud de l'île où je prends directement un bus pour me rendre à Castro, la capitale régionale où je rejoindrai Thomas, un ami français en stage là bas qui va m'héberger le temps de ma visite de l'île. Bons petits plats et nuit dans un vrai lit donc !

Les photos sur Flickr: https://flic.kr/s/aHsktE53sD

La suite plus tard !
A bientôt !

dimanche 24 janvier 2016

Chili - Argentine - Chili

Bonjour à tous !

Petit message pour vous résumer notre passage en Argentine, maintenant que nous sommes revenus au Chili.

  • Puerto Natales - El Calafate

Nous avons passé la frontière entre Puerto Natales et Río Turbio, en direction de El Calafate, la ville du glacier géant Perito Moreno. 
Il a été plutôt facile de faire du stop sur cette portion, le plus dur étant de quitter Puerto Natales, comme lorsque nous avons tenté de rejoindre Punta Arenas il y a 15j. Deux Chiliens nous ont emmenés jusqu'à Rio Turbio, proche de la frontière côté argentin, où un bus a pris le relais pour une portion de 150km de cama (les places haut de gamme des bus sud-américains, où les sièges s'inclinent presque en lits) gratuit. Chauffeur super sympa, il s'est arrêté sans même qu'on lui fasse signe alors qu'on faisait notre pause sandwich. Enfin, une voiture et un autre bus (décidément bien sympathiques les chauffeurs argentins)  et nous voilà rendus à El Calafate. 

Nous nous installons dans un camping avec l'objectif de partir tôt en stop jusqu'au glacier du Perito Moreno. Passage au pays de l'assado oblige, ce sera barbecue au camping, comme quasi tous les campeurs !

  • Perito Moreno

Dimanche 17, nous nous mettons donc en quête d'une voiture pour aller jusqu'au glacier, à 80km de la ville. Les bus pour y aller coûtent entre 30 et 40€, nous tentons donc notre chance en stop.
Après un peu plus d'une heure d'attente, un couple de touristes argentins nous y emmènent. Arrive l'entrée du parc, et forcément le péage. Matteo parvient à se faire passer pour un étudiant d'échange en Argentine avec sa carte étudiante sans inscriptions de pays, la mienne étant imprimée d'un drapeau chilien je ne tente même pas... 20€ pour moi, 2€ pour lui donc.
Le parc en lui-même ressemble à un zoo, il n'y a pas de chemins mais des passerelles en acier pour que les gens ne puissent pas sortir des passages réservés. Désagréable. Le glacier par contre est impressionnant, un mur de 50m de glace plongeant directement dans la lagune de chaque côté de la pointe sur laquelle il rejoint la terre ferme. 

Nous passerons une ou deux heures à faire le tour des passerelles au milieu des hordes de touristes, temps de pause déjeuner incluse, avant de rentrer, avec les mêmes personnes qu'à l'aller. Sympa mais trop touristique et trop cher à notre goût donc.


  • El Chalten : Fitz Roy

Après une seconde nuit à El Calafate (dans un autre camping, un peu moins cher, le camping de l'amicale de la gendarmerie nationale Argentine...), nous trouvons un couple de lituaniens qui nous prend en stop jusqu’à El Chalten, petite ville au pied du fameux Fitz Roy, pic rocheux escarpé de presque 3500m d'altitude. 

Le voyage ayant été rapide, nous commençons la rando dans le parc naturel l'après-midi même, et montons jusqu'au mirador observer de plus près le sommet.

Nous dormirons au bivouac Poincenot un peu plus bas, où deux aigles viendront se poser à une dizaine de mètres des tentes.

Deuxième jour au parc, nous transitons vers le campement D'Agostini et la laguna Tore, au pied d'un autre pic rocheux et encore une fois d'un glacier impressionnant. 

Redescente jusqu'à El Chalten pour faire quelques courses avant de partir en marchant en direction de la laguna del desierto, frontière entre l'Argentine et le Chili.

  • Lago del desierto : retour au chili

Après une nuit dans un bosquet près de la route infesté de moustiques et de tans, nous continuons notre marche en direction du lac, et finirons en stop. Le lac est magnifique, l'eau d'une transparence impressionnante, et on aperçoit de nombreuses truites près du bord. Bon cadre pour un picnic avant d'entamer la marche le long du lac donc. Glacier, lac, soleil et 24° à l'ombre, le tout à 400m d'altitude, c'est aussi ça la Patagonie !

La marche sur le bord du lac sera moyennement agréable sous la chaleur et les attaques de moustiques et de tans, mais la vue est belle. Nous verrons un groupe de 3 carpinteros à l'oeuvre sur le chemin, martelant laborieusement les troncs d'arbres de la forêt. Il y a vraiment un air de ressemblance avec Woody Woodpecker ! 

A l'arrivée nous découvrirons un beau terrain d'herbe pour camper mis à la disposition des randonneurs par les gendarmes argentins. 

Beaucoup de pêcheurs de ce côté du lac aussi, Matteo se fera prêter une canne et ramènera une truite ! Repas amélioré donc !

Le lendemain, encore 4h30 de marche pour passer la frontière et arriver au poste des carabineros de Chile à la caleta Mansilla, petite cale oubliée où vivent 5 personnes à l'année. Sur place nous attendrons le bateau durant 4h, mais la traversée est sympa, et en passant par un bateau de fret plutôt que par le bateau touristique nous n'avons payé que 35000$ au lieu de 47000, avec un repas offert par la capitaine !


Arrivée à Villa O'Higgins au Chili dans la nuit donc, nous nous installons dans un camping/hostal bien sympathique, et prenons une journée de repos le lendemain, vu qu'aucun véhicule n'avait prévu de quitter le village, qui est tout à la fin de la carretera australe !

Au programme: cuisine ! Poulet pommes de terre sautées à midi, pâtes maison et crêpes le soir, de quoi bien récupérer après nos aventures des derniers jours.



  • La suite :

Nous avons repris la route en stop en direction du nord, pour remonter jusqu'à Santiago. Entre temps il y a pas mal d'arrêts de prévus: caleta Tortel, Puerto Río Tranquilo, Cerro Castillo, Coyhaique, Chiloe etc.

La suite dans un prochain article, hasta luego !

vendredi 15 janvier 2016

Isla Navarino

Bonjour à tous.

Petit retour de nos aventures que l’île Navarino où nous avons passé une petite semaine. L’internet ici est assez lent, je vais donc essayer de faire plus court que la dernière fois pour ne pas trop galérer à envoyer l’article.

  • Punta Arenas – Puerto Williams 
Je vous avais donc laissé à Punta Arenas en fin de semaine dernière, où nous devions prendre l’avion pour le bout du monde, Puerto Williams (eh oui, il ne faut pas écouter les argentins, Ushuaia est au sud mais il y a plus austral !). Nous nous sommes donc rendus à l’aéroport vendredi 8 janvier à 8h pour un décollage aux alentours de 10h30. Pas de petit avion de 9 places comme prévu mais un avion de ligne de 90 sièges, vol beaucoup moins marrant que nous le pensions donc. Tant pis, au moins on est arrivés plus vite que l’île.

Une fois là bas, nous nous rendons au refugio El Padrino de Cécilia, une chilienne qui connaît tout et tout le monde au village, où nous nous installons au camping pour une nuit, le temps de faire des courses et de planifier le trek à venir. Quand je dis camping, je devrais plutôt dire refuge, puisque Cécilia nous annonce que “Vous êtes grands, amiguitos, vous vous débrouillez, si vous voulez planter votre tente allez-y, si vous voulez dormir dans la pièce commune allez-y !”. Nous dormirons donc au chaud dans la grande pièce à vivre du refuge-camping.

 L’après-midi sera donc consacrée à la visite du village, du musée sur l’histoire locale et à faire quelques courses. Au final, malgré l’éloignement, les prix sont quasiment les mêmes que sur le continent, à l’exception des légumes hors de prix. Merci la zone détaxée.

Un gros groupe de chiliens débarqueront du trek que nous prévoyons de faire en début de soirée, et fêterons ça à grands coups de pisco (avec Cécilia qui ne manque pas une occasion de trinquer avec les amigos touristas), nous n’arriverons pas à nous coucher avant 2h du matin…

  • Jour 1: Puerto Williams -  Lac des castors 
Nous partons à 10h30 du début du chemin où Cécilia nous a emmené en camioneta (la limousina de Cécilia est toujours prête à rendre service pour emmener ou aller chercher des gens à l’aéroport ou au départ du sentier). Le sentier démarre par 500m de montée jusqu’au Cerro Bandera, où nous trouvons fort logiquement un grand drapeau chilien.

Nous suivons ensuite la crête jusqu’à une laguna au pied du col que nous devrions d'après la carte passer le lendemain. Sauf qu'il n'est que 13h, nous mangeons donc et entamons l’ascension.


Après le col, quelques enchaînements de petits cols et quelques passages abrupts au dessus de lacs d'un bleu profond, nous arrivons au carrefour de chemins entre la route du lac Winhond et le trek des Dientes Navarino, la chaîne de montagne dont nous avons prévu de faire le tour. Nous camperons là, à côté des lacs artificiels de castors (un fléau importé sur l'île pour la fourrure, mais qui n'y a pas de prédateurs et pullule donc, détruisant les forêts).

Il n'est pas tard (16h30), mais nous avons prévu de passer une journée au lac pour pêcher le saumon et la truite avant de revenir au trek.


  • Jour 2: Lac des castors – Lac Winhond 
Après une nuit mouvementée (le vent s'est subitement levé, et les sardines n'ont pas tenues dans la terre trop spongieuse, arrachant à moitié la tente deux fois), nous déjeunons et partons pour le lac Winhond dans la fraîcheur matinale (0°C).

Le sentier est compliqué à trouver, nous passons par le deuxième sommet de l'île à 880m avec un vent à décorner les boeufs (100km/h environ, il était difficile de tenir debout dans les rafales), passons un col et descendons dans une forêt où il n'y a presque plus de marques, les arbres ayant été abattus par le vent et les castors.

Nous sortirons quand-même du bois à peu près au bon endroit, et terminons la journée par la traversée d'un marais très étrange aux airs de Mordor… Des particules étranges flottent dans les marres d'eau de couleurs étranges, le sol est très spongieux, vraiment un endroit bizarre.


Enfin, à 14h, nous voilà au refuge Charles, au bord du la Winhond, probablement le lac le plus au sud du monde ! 55°06' S !


Deux chiliens sont déjà installés dans le refuge et reviennent de la pêche, ils nous prêtent leur cane, et nous partons pêcher la truite avec notre ligne de location et leur matériel.

 À deux et pendant 3h, nous comptabiliserons 3 touches, mais seulement une truite de prise. Qu’importe, elle passera au barbecue dans la soirée, accompagnée d’une polenta, un régal ! Les chiliens pêcheront aussi une truite, tout le monde aura donc en le droit à son poisson du bout du monde.

Nuit près du poêle, qui peine malheureusement à réchauffer le refuge dont le toit à été éventré par une récente tempête.

  • Jour 3: repos au lac Windhond 
Au réveil, le temps s'est dégradé depuis la veille,  les averses de neige alternent avec le soleil. Nous avons largement ce qu'il faut en nouriture, nous décidons de rester un jour de plus au lac, et d’attendre des conditions plus sympathiques pour continuer la route. La journée sera donc consacrée à couper du bois pour la nuit (avec une hache dont la tête se détache tous les trois coups, assez peu pratique) et à faire la sieste.

Quand vient la nuit, la neige redouble d’intensité, nous nous préparons donc à partir les pieds dans le froid le lendemain.

  • Jour 4: Lac Winhond – Puerto Williams 
Au matin, il fait 0° dans le refuge, et il y a de neige à l’extérieur ¡ Les bonnes conditions espérées ne sont donc pas au rendez-vous. Tant pis, nous n'allons pas rester attendre indéfiniment, nous décidons de rentrer.

Bien habillés, nous découvrons un paysage totalement différent de celui de l’aller. Le marais est devenu une grande étendue de neige, le chemin est encore plus compliqué à trouver dans la forêt, bref, le retour va prendre plus de temps ! Au moment de monter au sommet du mont Betinelli, c'est le blizzard et 1m de neige qui nous attendent, rendant le passage du col très hasardeux… Nous ne nous atarderons pas pour regarder le paysage, de toute façon on ne voit rien.

À 17h30, nous arrivons à la laguna des castors, d'où l’objectif était de continuer un peu sur le sentier des Dientes pour atteindre un point de bivouac plus abriter, et camper en attendant de décider de la route à suivre le lendemain. Mais Matteo, qui n'avait pas emporté de matériel vraiment imperméable, veut rentrer directement à Puerto Williams.

Sous ma veste de pluie, mon pantalon imperméable et mes guêtres + chaussures montantes, je suis au sec, mais lui est trempé. Vu l'heure je ne suis pas motivé à continuer à galérer à avancer dans le blizzard, mais il insiste, je finis donc par le suivre. Mauvaise idée.
Les heures du retour seront les pires que j'ai eu l’occasion de rencontrer en montagne. Le vent ne se calme pas, la neige vole dans tous les sens, nous devons passer un nombre incalculable de pentes avalancheuses, des congères glacées, du verglas, etc. Nous arriverons à ma ville en vie mais après plusieurs frayeurs à 23h30, à la tombée de la nuit. Moralit: quand on part à deux, il faut que les deux aient le même niveau d’équipement, sinon autant partir seul.
Le refuge de Cécilia nous attend heureusement bien chauffé, un repas chaud et une bonne nuit de sommeil ne nous feront pas de mal.

  • Puerto Williams – continent 
Le lendemain, séance de lavage et de séchage de vêtements. Le temps ne s'est pas beaucoup amélioré, j’abandonne donc l’idée de retourner terminer le trek (qui peut se faire en deux jours),  et nous entamons la recherche d’un moyen de retourner un peu à contre coeur sur la terre ferme.

On ne peut se rendre et quitter l'île que par avion ou par bateau, avec un système de transport assez défaillant. La petite compagnie qui réalise les vols prend des réservations sans paiement, ce qui fait que les avions paraissent toujours complet alors qu'ils ne le sont pas. Ajoutez à cela que suivant les vols il y a soit 6, 12, 16 ou 90 places et vous obtenez un joli bazar ! Nous nous sommes donc rendus deux fois par jour à l’aéroport pour vérifier si il y avait des places. 
Du côté des bateaux c'est à peine mieux, le même système existe pour le ferry, qui ne part qu'une fois par semaine. Et une partie des places sont réservées aux locaux et ne se libèrent qu'au dernier moment si elles ne sont pas prises, c'est donc du pareil au même. Enfin, les voiliers. Quelques propriétaires de voiliers chiliens ont eu l'idée de faire des aller-retours payants entre Puerto Williams et Ushuaia, et ont fixé un prix très élevé, vu qu’il est compliqué de sortir par avion (150$US). Et ils font du forcing auprès de tous les plaisanciers de passage pour qu'ils ne prennent pas de passager ou au moins qu'ils demandent le même prix afin de ne pas leur faire de concurrence déloyale. Beaucoup trouvent ça scandaleux, mais s'y plient quand-même, et les autres qui décident de ne pas appliquer ce prix ne sont pas nombreux. Sur mes deux jours de recherche, même en passant plusieurs heures au yacht club, je n'ai pas réussi à trouver de voilier pas cher. Quelques français super sympathiques étaient près à nous embarquer comme équipiers, mais ils allaient à Buenos Aires ou en Antarctique, ce qui n'est pas vraiment notre route !

Au final, vendredi 15 janvier au matin, l'avion de DAP Aerovias qui est arrivé à Puerto Williams était le 90 places, dans lequel nous avons enfin réussi à rentrer ! Nous sommes donc revenus par les airs à Punta Arenas, évitant l’argentine et la Terre de Feu, très touristique et hors de prix a priori. Tous les voyageurs de l'île Navarino qui étaient passés par Ushuaia nous ont déconseillé d'y aller après avoir vu Puerto Williams, peu de regrets donc !

  • La suite
Après l’atterrissage à Punta Arenas, nous avons pris un bus pour Puerto Natales (suite à un nouvel échec de stop), où nous dormons cette nuit. Demain matin nous tentons le stop jusqu’à El Calafate, où nous irons voir le glacier géant Perito Moreno.

Les photos suivront sur Flickr quand j'aurais suffisamment de connexion Wi-Fi !


Hasta luego !